N O W

Une méthode pour sortir renforcés de la crise

A l’issue de la crise sanitaire provoquée par le Covid-19, chaque entreprise, quelle que soit sa taille, quel que soit son secteur d’activités et l’impact de la crise sur son business, fera face au défi du retour à l’ordinaire. Ce retour à l’ordinaire ne doit pas être un retour en arrière. Chaque entreprise gagnera en effet à conduire un retour d’expérience sur la crise, pour anticiper ses réponses au prochain événement similaire, pour en tirer des leçons sur son organisation et sa chaîne de valeurs, pour évaluer et renforcer ses impacts Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG).

L’efficacité de ce retour d’expérience reposera en grande partie sur la cohérence et la solidité de l’approche retenue. Ceux qui se contenteront d’un ressenti sur les vertus et les limites du télétravail et les faiblesses de certains maillons de leurs chaînes d’approvisionnement risquent fort de passer à côté d’enjeux et de problématiques essentielles, ainsi que des attentes que la crise a fait naître chez les salariés comme chez les consommateurs. C’est pourquoi les entreprises doivent adopter une méthodologie robuste pour la conduite de ce nécessaire retour d’expérience. Nous proposons un modèle simple et puissant, la méthode NOW, structurée en trois étapes : Narrative, Overview et Willpower.

Cette stratégie permettra aux entreprises de se projeter avec assurance et confiance dans un futur dans lequel les catastrophes systémiques doivent être envisagées comme des éventualités récurrentes.

Les trois étapes de la méthode N O W

La première étape est celle du récit partagé. Après une période de crise sanitaire marquée par la réduction drastique et contrainte des relations de face-à-face, le dirigeant d’entreprise doit élaborer et concevoir avec ses salariés un récit partagé sur ce qu’a été la vie de l’entreprise pendant la crise, les choix qui ont été faits, les craintes qui ont surgi et les attentes suscitées par le retour à l’ordinaire.

Ce récit doit apporter des réponses aux cinq questions suivantes :

  • Avons-nous ajusté notre production ou notre offre de services à la crise ? Si oui, pourquoi et de quelle manière ?

  • Quelles innovations technologiques et organisationnelles la crise nous a-t-elle permis, ou aurait-elle pu nous permettre, d’expérimenter ?

  • En quoi nos nouvelles organisations de travail ont-elles impacté, positivement et négativement, nos habitudes, notre productivité, notre management ?

  • Quels protocoles sanitaires avons-nous défini ? L’environnement de travail que nous avons mis en place était-il sécurisé ?

  • Les comportements que nous avons adoptés pendant la crise sanitaire ont-ils été cohérents avec les valeurs de l’entreprise ?

L’association des salariés à la conception de ce récit partagé pourra se faire à travers la mise en place de temps dédiés à l’expression collective, durant lesquels les salariés seront conviés à échanger librement puis à restituer leurs réponses à ces cinq questions sous forme de comptes-rendus anonymisés. Ces synthèses seront alors mises en ligne sur une plateforme et constitueront la matière avec laquelle le dirigeant pourra proposer un récit partagé.

La deuxième étape est celle de la vue d’ensemble. Elle doit permettre à l’entreprise d’une part d’associer toutes ses parties prenantes à sa démarche, d’autre part de mettre en perspective avec objectivité ses décisions, passées et à venir :

  • Le retour d’expérience conduit par l’entreprise doit associer l’ensemble de ses parties prenantes, au-delà des seuls salariés, c’est-à-dire également ses clients, ses collaborateurs externes, ses communautés, ses actionnaires. L’entreprise doit leur proposer d’enrichir le récit partagé construit avec les salariés, en s’appuyant sur les canaux d’expression existants (assemblée générale, cadres d’échanges avec les fournisseurs, réseaux sociaux…) mais également en développant de nouveaux cadres de dialogue.

  • L’entreprise doit confronter les organisations de travail qu’elle a adoptées et les ajustements de production et d’offre de services qu’elle a mis en place avec les choix faits par les autres acteurs de son secteur d’activités.

L’entreprise, lors de cette deuxième étape, doit prendre le temps de distinguer et de conduire une analyse fine de : ce qu’elle était à même de faire avant la crise ; ce qu’elle est à même de faire aujourd’hui ; ce que les autres acteurs de son secteur d’activités sont à même de faire aujourd’hui ; ce qu’elle souhaite et ambitionne de faire. Pour prendre un exemple hors du champ économique, ce n’est pas parce qu’un système scolaire serait à même d’assurer l’ensemble de ses missions à distance, notamment grâce aux technologies développées pendant la crise, qu’il est nécessairement préférable de substituer l’école à distance à l’école dans les salles de classe.

La dernière étape est celle de la volonté. Elle doit permettre aux dirigeants et aux parties prenantes de l’entreprise de se projeter à court, moyen et long terme, et à cette fin de :

  • Construire un quotidien plus respectueux de l’humain : alors que la crise a collectivement fait peser sur nous la menace d’une déshumanisation des relations sociales, l’entreprise doit engager une démarche dédiée à interroger, afin de définir de possibles voies d’amélioration, ses responsabilités vis-à-vis de ses salariés et son implication dans la vie publique. Il s’agit d’une part pour le dirigeant d’entreprise de mesurer la qualité des relations établies avec ses collaborateurs, la qualité de l’écoute proposée à ces derniers, la qualité de ses politiques RH et le niveau de bien-être des salariés. Il s’agit d’autre part de mesurer la réalité de la raison d’être de l’entreprise.

  • Construire un quotidien plus protecteur de la biodiversité (dont il est établi que la dégradation est l’une des causes du Covid-19) et plus largement de l’environnement. Il est de la responsabilité de chaque entreprise d’accélérer dans la prise en compte de ses impacts environnementaux. Les entreprises qui n’ont pas encore engagé leur transition verte doivent lancer cette démarche ; les entreprises déjà engagées doivent renforcer le degré d’ambition de leur transition verte.

  • Construire un quotidien plus adapté et plus réactif aux crises : l’entreprise doit structurer sa réponse à une catastrophe sanitaire ou environnementale systémique en organisant ses ressources humaines, sa production, son offre de services, ses réseaux de fournisseurs, son environnement digital de crise. Etablir cette organisation est un projet complexe, de longue haleine et sans résultat immédiat ; mais il s’agit d’une mission indispensable.

Recourir à la méthode NOW permettra à l’entreprise de renforcer sa valeur et de renforcer ses valeurs partagées avec l’ensemble de ses parties prenantes. En conduisant ce retour d’expérience, l’entreprise consolidera sa capacité de projection dans l’avenir.

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