Catégorie : Boussole

BOUSSOLE #2 – Prendre goût à l’imperfection

L’imperfection, clé d’une stratégie d’innovation réussie

Par Agathe Cagé (@AgatheCage) – COMPASS LABEL

L’imperfection est une valeur malmenée et sous-estimée.

Il n’y a de pire bride à la créativité que l’exigence de perfection, que celle-ci soit imposée aux équipes par leurs managers, ou qu’elle soit une contrainte que le collaborateur s’impose à lui-même. Le rapport pathologique à l’erreur développé par les Français dès leurs premiers pas dans le système scolaire les conduit à l’âge adulte à s’enfermer dans une équation stérilisante : mieux vaut ne pas faire que faire imparfaitement afin d’éviter l’erreur, elle-même synonyme d’échec.

Or, à l’inverse, apprendre à s’appuyer sur l’imperfection de ses propres connaissances et compétences dans les moments de créativité est un levier d’innovation qui présente un grand potentiel.

Amener des managers à penser et réfléchir, pendant une matinée ou une journée, d’un point de vue et sur des questions qui ne sont pas les leur, les conduit à se décentrer, à élargir leur champ des possibles, à acquérir de nouveaux réflexes et à accéder à de nouvelles idées. L’exercice n’est pas facile car il doit être conduit dans les règles de l’art. Il exige notamment de savoir créer une bulle de confiance à l’intérieur de laquelle les participants acceptent d’être imparfaits pour être ensuite plus performants. C’est ce savoir-faire qu’a développé Compass Label.

Lorsque nous organisons avec des équipes d’ingénieurs en mal d’inspiration des séances de brainstorming destinées à insuffler un nouveau souffle à leurs projets, nous poursuivons un objectif principal : les convaincre de la pertinence de leurs idées et de leurs paroles sur l’ensemble des dimensions qu’ils s’interdisent habituellement – parce qu’éloignées des problématiques technologiques qui font leur quotidien –, des stratégies politiques des acteurs institutionnels aux pratiques de fédération de communautés, des évolutions du rapport au temps et aux nouveaux usages des espaces publics. Pendant un instant, nous voulons qu’ils oublient les contraintes capacitaires, les exigences techniques, les procédés industriels ou autres analyses de données, et nous leur proposons de réfléchir avec eux sur les sujets qu’ils maîtrisent le moins.

Dès lors qu’un climat de bienveillance est instauré et acquis, les résultats de la démarche sont frappants. Ce sont des idées d’une pertinence fulgurante, abandonnées dans la genèse du projet des mois auparavant sans avoir jamais été ni formulées, ni partagées, qui resurgissent. C’est l’articulation entre l’innovation technologique, sa valeur sociétale, la culture de l’entreprise qui la porte, qui se fait naturellement. C’est le degré d’adhésion au projet et de motivation des équipes qui se réinscrit dans une dynamique positive.

De même, lorsque nous travaillons avec des responsables marketing, des directeurs de création, des chefs de marque pensant maîtriser sur le bout des doigts les dernières techniques de la ruche de créativité ou du design thinking, c’est le même contrepied que nous leur proposons pour leur permettre de faire la différence. Leur métier consiste à sentir l’air du temps ? Nous les mettons face à l’inconfort de ce qu’ils ne connaissent pas, ou mal. Nous les confrontons aux dernières études académiques en date posant des grilles d’analyse scientifiques sur les principales évolutions sociales, économiques, digitales… en cours. Des grilles d’analyse qui parfois confortent leurs stratégies d’anticipation, souvent les bouleversent, et les conduisent toujours à penser différemment pendant quelques heures, et donc mieux ensuite.

Les dirigeants d’entreprise doivent prendre goût à l’imperfection. À penser de façon imparfaite. À laisser leurs collaborateurs avancer, réfléchir, créer de façon imparfaite. Pour retrouver enfin le chemin de la créativité, réinventer avec audace leurs métiers, concevoir de nouvelles offres de services. Pour être en phase, aussi, avec les attentes de clients actifs, de « clients partie prenante » de la conception de bien ou de service, mais ce sera l’objet de notre prochaine Boussole.

Vous avez envie d’aller plus loin ? Contactez Compass Label.

BOUSSOLE #1 – Réapprendre à se concentrer

3 bonnes raisons (prouvées scientifiquement) de réapprendre à se concentrer

Par Agathe Cagé (@AgatheCage) – COMPASS LABEL

Vous avez en permanence vos boîtes mail ouvertes ? L’œil rivé sur Twitter, Facebook, Instagram, Telegram, WhatsApp et les dernières notifications de trois titres de médias ? L’index prêt à relancer une mise à jour de n’importe quel flux d’actualités ? Vous vous savez incapable de suivre une réunion sans garder un œil sur un écran ou de passer un appel sans tapoter conjointement ? Bref, vous vous sentez comme machinalement conduit à porter votre attention sur de multiples choses à la fois ?

C’est mauvais pour votre santé. C’est préjudiciable à votre productivité. Et cela ne vous rendra pas plus créatif. Dédiez trois minutes à focaliser toute votre attention sur cet article. Vous en sortirez convaincu de la nécessité de réapprendre à vous concentrer.

Tout d’abord, en retrouvant une capacité de concentration, vous diminuerez votre niveau de stress. Une étude publiée par l’American Psychological Association en 2017 et récemment citée par Anna Goldfarb dans une chronique pour le New York Times, montre que la connexion permanente aux outils numériques, pour être instantanément joignable ou informé de l’actualité des réseaux, est associée à de hauts niveaux de stress. Vous pensez être stressé par le flux tendu des sollicitations qui s’abattent sur vous ? Vous l’êtes d’abord par votre incapacité à vous préserver des moments à distance de ce flux. Apprenez à vous déconnecter pendant quinze, trente ou soixante minutes, à couper les notifications, à attendre quelques heures avant de remonter un fil, bref apprenez à vous concentrer à nouveau sur une tâche, et vous sentirez rapidement la pression commencer à retomber.

Deuxièmement, vos performances sont diminuées lorsque vous vous consacrez à plus d’une tâche en même temps. La raison en est simple : lorsque vous abandonnez une tâche pour une autre (même si elle est aussi rapide que lire une notification), vous devez ensuite vous re-concentrer sur la tâche laissée en jachère. Vous perdez à chaque fois ce que le professeur Sophie Leroy a appelé des « résidus de concentration » (attention residue). L’accumulation de ces micro-pertes a des conséquences majeures : des études ont estimé que sauter en permanence d’une tâche à une autre pouvait vous coûter jusqu’à 40% de productivité. Regagnez 40% de productivité, c’est comme faire une semaine de travail de cinq jours en seulement trois ! L’important ne sera dès lors plus tant pour vous, comme le souligne le psychologue Adam Grant, de savoir gérer votre temps, mais d’être à même de gérer votre capacité de concentration.

Enfin et à l’encontre de bien des a priori sur le sujet, plus vous serez capable de vous concentrer, plus vous serez créatif. Vous rêvez d’être enfin inventif, de ne plus apparaître comme celui à qui les idées font toujours défaut lors des redoutés moments de réflexion collective et autre séminaire de motivation par l’innovation ? Ce n’est pas en scrollant frénétiquement tout ce qui vous passe sous la main que vous y parviendrez. Anna Goldfarb note en effet, dans la même chronique au NYT, que ce n’est pas le cerveau s’éparpillant mais le cerveau au repos qui est un terreau fertile à la créativité. D’autant que vous avez peu de chance d’avoir une idée disruptive en vous replongeant dans des échanges qui ne vous passionnent pas après avoir regardé une vidéo virale qui rendra d’autant plus fade à vos yeux le sujet de conversation auquel vous avez échappé pendant quelques instants. Ce phénomène est directement lié aux effets de contraste étudiés par la psychologie sociale.

Vous avez réussi à ne pas zapper pendant les trois dernières minutes ? Réessayer l’exercice aujourd’hui, pendant au moins dix minutes. Et si vous avez envie d’aller plus loin, contactez Compass Label.